Dossier : Le ciné-urbanisme ou l’institut de l’environnement comme cabinet d’optique
Photographie de tournage du film Ville à vendre, source Laterna Magica, 1971
Ce dossier composé de nombreux documents se propose de rendre sensible et vivant un moment de fulgurance de la recherche entre cinéma et urbanisme, recherche pionnière en ce domaine à l’Institut de l’environnement, petit Bauhaus français des années 1970. Ce contexte de recherche de nouvelles pédagogies horizontales, basé à ses débuts sur la remise en cause de la hiérarchisation des disciplines, a donné naissance au ciné-urbanisme dont le film visionnaire Ville à vendre, film collectif réalisé en 1971 par le cinéaste-chercheur Alain Moreau fut le manifeste et sur lequel nous proposons de nous attarder plus particulièrement.
Le premier texte du dossier intitulé L’Institut de l’environnement ou la puissance d’un cadre retrace la mise en œuvre du dispositif conceptuel et pédagogique de la recherche de l’Institut de l’environnement, et s’attarde plus particulièrement sur l’organisation ayant conduit à la recherche par et avec le cinéma dont Alain Moreau aura la responsabilité.
Deux documents d’archives accompagnent ce texte (lien), l’un, sonore provient des séminaires de communication de l’Institut de l’Environnement. Il fait entendre la voix et les commentaires de Jean Rouch à propos de ses films : Les Maitres Fous (1954) et Architectes d’Ayorou (1970). L’autre est le film La maison de Loung Ta, film à caractère ethnographique réalisé par Alain Moreau et l’architecte chercheur Pierre Clément en 1976.
Un second texte intitulé Le ciné-urbanisme comme paradigme de la recherche indisciplinée en architecture, revient sur la conception de la recherche dont témoigne le film Ville à vendre. Le film Ville à vendre est en lien.
Pour découvrir ce ciné-urbanisme tel qu’il a été pensé et réalisé dans les années 70, le lecteur est invité à opérer son propre montage à partir d’une pluralité de documents inédits, sonores, visuels, au regard de ces deux textes reconstituant le cadre conceptuel et pédagogique dans lesquels ils ont vu le jour. La forme de ce dossier relève d’une expérience cinétopique de la lecture (une ciné-écriture) invitant le lecteur auditeur regardeur à naviguer entre différents blocs d’écrits relevant de l’histoire de ce projet et de la lecture filmique de ses productions.
Anne Philippe
Dossier
– L’Institut de l’environnement ou la puissance d’un cadre
– La maison de Loung Ta, un film de Alain Moreau, 1977, 46′
– Le ciné-urbanisme comme paradigme de la recherche indisciplinée en architecture
– Ville à vendre, un film de Alain Moreau, 1971, 33′
&
– Jean Rouch, A propos du film Les Maitres Fous (1954), document sonore
– Jean Rouch, A propos du film Architectes Ayorou (1970), montage sonore et visuel
Alain Moreau – Repères biographiques
– 1954 : visionnement par le cinéphile Alain Moreau du film Méditerranée de Jean-Daniel Pollet
– 1968-1969 : suivi par Alain Moreau de l’enseignement du cinéma anthropologique et documentaire à l’université Paris X-Nanterre lancé par Jean Rouch en 1969. Maîtrise de philosophie à l’université de Paris X-Nanterre sous la direction du philosophe Olivier Revault d’Allonnes. Titre du mémoire de maîtrise : « Art et Subversion : Éléments pour une théorie de la production cinématographique ».
– 1970-1978 : Alain Moreau est rattaché au séminaire de communication de l’Institut de l’Environnement nouvellement créé. Il y déploiera une recherche expérimentale entre cinéma et architecture qui donnera naissance à 8 films en collaboration avec des architectes, urbanistes et graphistes de l’Institut.
– 1979 : Alain Moreau suit les cours de technique du cinéma à l’école Louis Lumière et obtient un BTS
– 1983-1998 : Alain Moreau, alors cinéaste et enseignant à l’Ensad, rencontre Thierry Dumanoir (alors chargé du développement culturel en milieu pénitentiaire) et crée le projet « Télérencontres » à la maison d’arrêt de Paris-La Santé, projet que nous considérons emblématique de la mise en œuvre de la ciné-architecture.
Corpus de films réalisés par Alain Moreau à l’Institut de l’Environnement
– Ville à vendre, enquête sur un quartier de Belleville à la veille de sa démolition, 16 mm, n & b, 33 min, 1971
– La Programmation du Centre Beaubourg, une méthode originale de programmation architecturale, production & diffusion : Cnac Georges-Pompidou, 16 mm, 26 min, 1972
– Fleurs d’os, 16 mm, 13 min, 1973 (non retrouvé)
– Sur un texte d’Alexandre Bonnier, la fabrication des roses artificielles, production : Institut de l’Environnement, 1973 (non retrouvé)
– Ce qu’on appelle ville, 16 mm, n & b et couleur, 30 min),1974, en collaboration avec Monique Eleb. (non retrouvé)
– Essai cinématographique sur l’espace urbain, production : Institut de l’Environnement, 1974 (non retrouvé)
– Changer la vie, l’architecture soviétique des années vingt, production : ministère de la Culture, diffusion : BPI du Cnac Georges-Pompidou 16 mm, 26 min, 1975
-La Maison de Loung Ta, la construction traditionnelle en Thaïlande filmée au cours d’une mission ethnographique du CNRS, production : ministère de la Culture & CNRS 16 mm, 46 min, 1977
– Scénario d’un film non réalisé intitulé Construire à la campagne, 1972, auteurs : Michel Dupin, Jean-Paul Miroglio, Alain Moreau, Thérèse Schalchli.
Quatre de ses films ont été retrouvés et numérisés
– Ville à vendre, enquête sur un quartier de Belleville à la veille de sa démolition, 16 mm, n & b, 33 min, 1971
– La Programmation du Centre Beaubourg, une méthode originale de programmation architecturale, production & diffusion : Cnac Georges-Pompidou, 16 mm, 26 min, 1972
– Changer la vie, l’architecture soviétique des années vingt, production : ministère de la Culture, diffusion : BPI du Cnac Georges-Pompidou 16 mm, 26 min, 1975
– La Maison de Loung Ta, la construction traditionnelle en Thaïlande filmée au cours d’une mission ethnographique du CNRS, production : ministère de la Culture & CNRS 16 mm, 46 min, 1977
Bobines des films 16 mm retrouvés d’Alain Moreau tournés entre 1971 et 1977